Close

20 novembre 2020

Simplifier et donner accès à l’assurance au plus grand nombre

Retrouvez ici le portrait de Bertrand Vialle par Nelly Brossard dans sa série d’interviews sur ceux qui réinventent l’assurance…

Article publié le 16 octobre 2020

Source : https://nellybrossard.com/simplifier-et-donner-acces-a-lassurance-au-plus-grand-nombre-en-afrique-francophone/

#Insurtech : rencontres avec ceux qui réinventent l’assurance ! Echanges avec les fondateurs et fondatrices d’insurtech qui réinventent et transforment l’assurance sur l’ensemble de la chaîne de valeur.

C’est parti pour 10 questions à Bertrand Vialle fondateur de Baloon

Quels sont les points clés de votre parcours et que représente l’entreprenariat pour vous ?

Je suis un spécialiste du courtage d’assurance, avec un début de carrière au sein du groupe Gras Savoye où j’ai occupé différents postes à la fois en France et à l’international… Par la suite, j’ai rejoint April group comme DG du pôle entreprise. J’ai ensuite rapidement pris le virage du numérique en m’associant et en prenant la Direction Générale d’AssurOne Group, leader du courtage en assurances sur Internet en France. Toutes ces étapes dans des grands groupes ont forgé mon expertise dans le domaine et la suite naturelle pour moi était de me tourner vers l’entreprenariat qui symbolise la liberté et le moyen de conjuguer l’impact positif et le « business ». J’ai donc créé une première société de courtage digital, Add Value Assurances, spécialisée en France dans la souscription online d’assurance pour les risques d’entreprise. Puis j’ai lancé l’aventure Baloon, qui est la synthèse de toutes mes expériences avec en plus une dimension sociétale, d’entreprise à mission par le volet de l’inclusion financière.

Comment est né votre projet, comment l’idée est-elle venue ?

Pour répondre à une quête de sens, j’ai eu l’envie de monter un projet fort qui aurait un impact positif sur la société et je me suis aperçu qu’il n’y avait aucun acteur digital dans l’assurance en Afrique francophone. Fort du constat d’une situation de sous assurance chronique entre autres en automobile,  du fait des lacunes de distribution et d’un manque de confiance entre tous les acteurs, il m’a semblé une évidence que par le digital qui apporte la transparence, la simplicité, nous pouvions inverser cette tendance et apporter plus de sécurité à des millions d’africains.

Quelle est votre proposition de valeur ?

Baloon est une startup qui donne accès à l’assurance au plus grand nombre en Afrique francophone grâce au digital.

Nous avons développé une plateforme de souscription « full online » qui permet aux particuliers de s’assurer en quelques clics de manière fiable et transparente. Baloon fait donc tomber les barrières géographiques, sociales et financières pour faciliter l’accès à l’assurance.

Baloon permet aux assureurs de se digitaliser grâce à notre plateforme. C’est le cas d’Axa qui utilise notre tunnel de souscription en marque blanche pour sa distribution digitale. Enfin, Baloon apporte la sécurité pour les assurés et les assureurs en réduisant considérablement les risques de fraudes et d’impayés. Tout est traçable et notamment le paiement de la prime qui se fait par « mobile money ».

Quelle est votre cible de clients (B to C, B to B, B to B to C) ? Combien visez-vous de clients d’ici 3 ans ?

Notre cible principale est le particulier africain qui doit s’assurer par lui-même. Nous répondons à un vrai besoin de cette population qui peine à trouver une assurance fiable et avec un vrai service client. Pour atteindre cette population nous faisons de la distribution directe, et aussi du B to B avec nos partenaires professionnels de l’assurance leur permettant d’avoir une offre digitale. Enfin, notre modèle s’appuie aussi sur le B to B to C avec une distribution par des partenaires qui diversifient leurs offres tels que Jumia ou Total. Dans 3 ans, nous devrions assurer environ 200 000 clients.

Quel est votre « business model » ? Avez-vous fait évoluer celui-ci ?

En tant que courtier notre modèle de revenu est assez classique et basé sur les commissions et les frais de gestion à chaque contrat vendu. Nous travaillons avec plusieurs compagnies dont les 5 plus gros assureurs de la région Afrique francophone (Axa, Allianz, Saham, NSIA et Sunu) et nous avons plusieurs nouveaux partenariats en phase de déploiement.

A quelle date serez-vous à l’équilibre ?

Nous sommes en pleine expansion avec une croissance mensuelle moyenne de 20 %. Nous souhaitons garder notre position de leader du courtage digital en Afrique francophone et visons de lancer de nouveaux pays, . Notre première filiale, la Côte d’Ivoire est désormais à l’équilibre et nous visons l’autonomie financière du Groupe fin 2021.

Quelle est votre vision de l’évolution du secteur de l’assurance ?

Notre marché est fondé sur un mode de distribution très traditionnel et tous les acteurs investissent actuellement pour prendre le virage du digital. La prise de conscience de cette nécessité est bien présente chez les professionnels et les gouvernants. Nous assistons en Afrique à un développement de la classe moyenne qui a de nouveaux besoins en termes d’assurance. L’offre actuelle se doit d’évoluer pour répondre aux attentes de cette population et à l’évolution de leurs habitudes de consommation. L’avantage des nouveaux acteurs comme Baloon est d’approcher les clients avec de nouveaux moyens de communication, comme les réseaux sociaux ou Whatsapp… Par ailleurs, la crise sanitaire est un révélateur pour les services digitaux, pas de déplacement et la nécessité de placer l’assuré au cœur de notre stratégie. Comme dans le développement de l’e-money,

la distribution digitale de l’assurance est incontournable pour une population jeune et ultra connectée.

En Afrique, il y a plus d’un téléphone par personne en moyenne, et tout est réalisé depuis leur portable. Nous ressentons le besoin de grands groupes de vouloir s’appuyer sur un écosystème d’assurtech comme Baloon qui sont beaucoup plus agiles et répondent parfaitement aux besoins des consommateurs.

Quelles sont les 3 principales difficultés rencontrées dans votre vie d’entrepreneur au sein de Baloon ?

  • En premier lieu, un défi humain par rapport à nos besoins de recrutements dans nos filiales. L’environnement des startups n’est pas encore connu et reconnu pour ses perspectives mais plutôt pour ses risques. Il s’agit de réussir à attirer les meilleurs profils sur place, spécialistes de l’assurance avec un grand sens commercial. Pour y répondre, nous avons décidé de former en interne et recrutons beaucoup en fonction de la motivation et de l’état d’esprit des candidats qui doivent adhérer à nos valeurs basées sur la culture d’exécution avec une grande bienveillance, le « Baloon spirit ».
  • Ensuite, la volonté d’avancer très vite et la réalité du « business » qui prend toujours plus de temps qu’on le souhaiterait en particulier avec nos partenaires.
  • Enfin, la capacité à trouver un équilibre entre notre croissance et notre organisation qui doit rester à notre taille. Il s’agit de ne pas se faire dépasser par notre développement, tout en tenant compte des spécificités de chaque pays et de ses contraintes règlementaires.

Quels sont selon vous les 3 facteurs clés pour la réussite de Baloon ?

  • Tout d’abord, une équipe de personnalités investies qui partagent les valeurs de Baloon et qui veulent transformer le marché de l’assurance chacune dans son pays.
  • Ensuite, une attente très forte des clients.
  • Enfin, un système d’information particulièrement bien adapté, évolutif et « scalable ».

Et si c’était à refaire ?

Je le referais sans hésiter et avec la même équipe ! Parce que c’est une magnifique expérience pour tout le monde.